Le Schnitzel : Un Pilier de la Cuisine Juive, Plus Complexe qu’il n’y Paraît
Le schnitzel. Rien que le nom évoque des images de viande panée croustillante, dorée à la perfection. Mais saviez-vous que ce plat, apparemment simple, occupe une place de choix dans la cuisine juive, avec une histoire et des règles bien spécifiques ? Accrochez-vous, car on va décortiquer le schnitzel juif, des raisons de sa popularité aux lois cachères qui le régissent, sans oublier quelques anecdotes croustillantes (jeu de mots non intentionnel, ou presque).
Pourquoi le Schnitzel Est-il Si Populaire Chez les Juifs ?
La question à un million de shekels : pourquoi donc ce morceau de viande pané est-il devenu un incontournable de la table juive ? La réponse est aussi savoureuse que le plat lui-même. Principalement, c’est une histoire d’immigration et d’adaptation. Les Juifs ashkénazes, originaires d’Europe de l’Est et Centrale, ont importé la tradition du schnitzel en Israël au milieu du 20e siècle. Comme l’explique cet article de Eating Jewish, le schnitzel est devenu un plat israélien à part entière.
Mais pourquoi le poulet est-il devenu la viande de prédilection pour le schnitzel israélien ? Figurez-vous qu’à l’époque, la viande de veau, ingrédient traditionnel du Wiener Schnitzel, était chère et difficile à trouver en Israël. Le porc, quant à lui, était hors de question pour des raisons cachères. Le poulet, moins onéreux et facilement disponible, s’est imposé comme une alternative parfaite. Résultat : le schnitzel de poulet est devenu un symbole de la cuisine israélienne, un plat familial et réconfortant que l’on retrouve partout, des restaurants chics aux déjeuners des enfants. Vous pouvez même trouver des schnitzels pré-emballés au rayon surgelés de la plupart des supermarchés israéliens !
Le Schnitzel Est-il Cachère ? Plongée dans les Lois de la Cacheroute
Alors, un Juif peut-il manger du schnitzel ? La réponse courte est : oui, absolument ! Mais, comme souvent dans la cuisine juive, il y a des règles à respecter. C’est là qu’interviennent les lois de la cacheroute, ces règles alimentaires juives qui définissent ce qui est permis (cachère) et comment les aliments doivent être préparés. Pour comprendre le schnitzel cachère, il faut se pencher sur quelques principes fondamentaux.
Interdiction de Mélanger Viande et Produits Laitiers
C’est LA règle d’or de la cacheroute : ne jamais mélanger viande et produits laitiers. D’où vient cette interdiction ? La Torah, le texte sacré du judaïsme, mentionne à trois reprises l’interdiction de « faire bouillir un chevreau dans le lait de sa mère ». Les rabbins ont interprété ce verset comme une interdiction générale de mélanger toute viande (volaille incluse) avec des produits laitiers. Le Musée Juif de Berlin explique que cette interdiction est perçue comme un acte de cruauté, un manque de respect envers la vie animale. Imaginez : cuire la chair d’un animal dans le lait destiné à le nourrir, c’est un peu comme un film d’horreur culinaire, non ?
Concrètement, cela signifie qu’un schnitzel de poulet cachère ne sera jamais servi avec une sauce à la crème ou gratiné au fromage. Oubliez le cordon bleu traditionnel ! Si vous mangez un schnitzel cachère, assurez-vous qu’il n’y ait aucune trace de produits laitiers dans la préparation ou l’accompagnement.
Animaux Cachères : Qui a le Droit de Finir en Schnitzel ?
La cacheroute ne se limite pas à l’interdiction viande-lait. Elle définit également quels animaux sont considérés comme cachères, donc propres à la consommation. Selon la Torah, les animaux cachères sont les ruminants qui ont le sabot fendu, comme les vaches et les moutons. Le porc, avec son sabot fendu mais sans rumination, est donc exclu. Les animaux aquatiques cachères doivent avoir des nageoires et des écailles. Adieu les fruits de mer et autres délices marins non cachères !
En résumé, pour faire un schnitzel cachère, on peut utiliser du poulet, de la dinde, du veau (cachère) ou du bœuf (cachère). Le porc est strictement interdit. Britannica nous rappelle que le Wiener Schnitzel original est fait à base de veau, mais dans la version juive, le poulet règne en maître.
Le Statut « Pareve » : L’Ami Cachère Inattendu
Et la mayonnaise dans tout ça ? Peut-on en mettre sur son schnitzel cachère ? Bonne nouvelle pour les amateurs de mayo : oui ! La mayonnaise est généralement considérée comme « pareve », c’est-à-dire ni viande, ni lait. Elle est principalement composée d’œufs et d’huile, qui ne sont ni l’un ni l’autre selon les lois cachères. De nombreuses marques de mayonnaise sont même certifiées cachères. Les œufs, d’ailleurs, sont aussi pareve. Vous pouvez donc faire une bonne omelette au schnitzel (si l’envie vous prend) sans enfreindre les règles.
Certification Cachère : Un Label de Confiance
Pour être sûr qu’un produit est vraiment cachère, on peut se fier à la certification cachère. Il existe des organismes de certification cachère qui vérifient que les aliments et les restaurants respectent les règles de la cacheroute. Même des produits a priori simples comme le café peuvent nécessiter une certification cachère, surtout s’ils sont aromatisés. Alors, la prochaine fois que vous achetez un schnitzel pré-emballé, jetez un coup d’œil au label cachère, c’est une garantie de respect des traditions.
Le Vin et les Produits Dérivés du Raisin : Attention, Zone Sensible !
Les raisins eux-mêmes sont cachères, pas de souci. Mais attention, le vin, le jus de raisin et les autres produits dérivés du raisin sont considérés comme « hautement sensibles » en matière de cacheroute. Pourquoi ? Parce qu’historiquement, le vin était souvent utilisé dans des rituels païens. De plus, selon la tradition, le vin cachère doit être produit sous stricte supervision rabbinique orthodoxe et ne peut pas être manipulé par des non-juifs. Donc, si vous voulez accompagner votre schnitzel d’un verre de vin cachère, assurez-vous de sa provenance et de sa certification.
Variations du Schnitzel et Contexte Culturel : Un Voyage Gustatif
Le schnitzel, c’est un peu comme un caméléon culinaire, il se décline en de multiples versions selon les pays et les cultures. Son origine est européenne, l’Autriche revendiquant l’invention du terme « schnitzel » au 19e siècle pour désigner une viande panée et frite. La distinction majeure se fait entre le Wiener Schnitzel, fait exclusivement à base de veau, et le schnitzel « tout court », qui peut être fait avec d’autres viandes.
Tour du Monde des Schnitzels : De Vienne à Milan en Passant par le Texas
Il existe une multitude de variations de schnitzel, chacune avec sa particularité :
- Wiener Schnitzel : Le classique viennois, en veau uniquement.
- Schweineschnitzel : À base de porc, populaire en Allemagne et en Autriche (mais pas cachère, évidemment).
- Putenschnitzel : Schnitzel de dinde, une option plus légère.
- Hähnchenschnitzel : Schnitzel de poulet, la star israélienne et une valeur sûre partout ailleurs.
- Jägerschnitzel : « Schnitzel du chasseur », servi avec une sauce crémeuse aux champignons.
- Zigeunerschnitzel : « Schnitzel tzigane » (terme aujourd’hui considéré comme problématique), avec une sauce aux poivrons.
- Käseschnitzel : Schnitzel gratiné au fromage (mais pas cachère si servi avec un schnitzel de viande).
- Cotoletta alla Milanese : La version italienne, à base de veau, souvent servie sur l’os et plus épaisse que le schnitzel classique. À Milan, on ne rigole pas avec la « costoletta » !
- Chicken-fried steak : La version américaine, un steak de bœuf pané et frit, souvent nappé de sauce gravy.
- Surschnitzel : Une variante autrichienne à base de viande légèrement salée.
- Texan Loaded Schnitzel : Une version tex-mex extravagante, avec bacon au sirop d’érable, jalapeños, sauce gravy et ranch. Un délice décadent !
Autres Traditions Culinaires Juives : Plus que le Schnitzel
La cuisine juive ne se résume pas au schnitzel, loin de là ! C’est un univers riche et varié, marqué par des traditions ancestrales et des plats emblématiques.
Le Pain Trempé dans le Sel : Un Rituel Simple et Signifiant
Avant de manger du pain, il est courant dans la tradition juive de le tremper dans du sel. Pourquoi ? Selon le Mishnah Berurah, un commentaire rabbinique important, ce geste simple rend la première bouchée plus savoureuse et honore la bénédiction prononcée sur le pain. Certains disent même qu’il est une « mitzvah » (bonne action) d’avoir du sel sur la table.
Plats Juifs Préférés : Un Aperçu Gourmand
Parmi les plats les plus appréciés de la cuisine juive, on retrouve :
- La Hallah : Ce pain brioché tressé, moelleux et légèrement sucré, est un incontournable du Shabbat et des fêtes juives.
- Les Latkes : Ces galettes de pommes de terre frites sont une spécialité de Hanoucca, mais on les aime toute l’année.
- Le Kugel : Un gratin à base de pommes de terre ou de nouilles, souvent sucré ou salé.
- La Soupe de Boules de Matzah : Une soupe de poulet réconfortante avec des boules de pain azyme.
- Le Brisket : De la poitrine de bœuf braisée, fondante et savoureuse.
- Le Gefilte Fish : Du poisson farci, une spécialité d’Europe de l’Est.
- Le Rugelach : De délicieuses petites pâtisseries roulées, fourrées à la confiture, au chocolat ou aux noix.
- Les Hamantaschen : Ces gâteaux triangulaires sont la spécialité de Pourim, fourrés traditionnellement aux graines de pavot.
- Le Matzo Brei : Une sorte de pain perdu à base de matzah (pain azyme), souvent consommé pendant la Pâque juive (Pessah).
- Les Knishes : Des chaussons de pâte farcis à la pomme de terre, à la viande ou au fromage.
- Les Sufganiyot : Des beignets fourrés à la confiture, spécialité de Hanoucca.
Aliments et Fêtes Juives : Un Calendrier de Saveurs
Chaque fête juive a ses spécialités culinaires. Pendant la Pâque juive, on mange du matzo brei. À Hanoucca, les latkes et les sufganiyot sont de rigueur. Pour Pourim, ce sont les hamantaschen qui sont à l’honneur. Et à Roch Hachana, le Nouvel An juif, on déguste des pommes trempées dans du miel, symbole de douceur pour l’année à venir.
Aliments Interdits et Combinaisons à Éviter : Les Règles Essentielles
En dehors de l’interdiction viande-lait, la cacheroute comprend d’autres règles importantes. Les fruits de mer et le porc sont interdits. Et pour les amateurs de carbonara, mauvaise nouvelle : la recette traditionnelle, avec sa pancetta de porc, est évidemment non cachère. Mais ne désespérez pas, il existe des versions cachères de carbonara, avec de la viande de bœuf ou de dinde à la place du porc !
Le Yiddish et la Culture Juive : Un Zeste de Langue et de Traditions
Le yiddish, cette langue parlée par les Juifs ashkénazes, a laissé des traces dans de nombreuses cultures, y compris dans la langue française (avez-vous déjà utilisé le mot « schpountz » ?). Quelques mots yiddish pour la route :
- Mazel tov : Félicitations ! Bonne chance !
- Oy vey : Oh là là ! Exprime la consternation ou l’exaspération.
- Shpilkes : Impatience, agitation, avoir la bougeotte.
- Tuchus : Popotin, derrière (terme familier).
- Schnorrer : Un mendiant qui se prend pour un prince et se sent autorisé à recevoir l’aumône.
- Shaddap : Tais-toi ! (pour les situations où l’on veut clouer le bec à quelqu’un avec humour et fermeté).
Croyances et Pratiques Juives : Au-delà de la Nourriture
La cacheroute n’est qu’un aspect des croyances et pratiques juives. Le judaïsme est une religion et une culture millénaire, riche en traditions et en valeurs. Les lois cachères, la modération dans la consommation d’alcool (même si le vin est important dans les rituels religieux), et l’importance de la communauté sont autant d’éléments qui façonnent l’identité juive. Et pour ceux qui se posent la question : les Juifs ne considèrent pas Jésus comme le Messie, mais reconnaissent son importance en tant que figure juive ayant vécu une vie de foi.
Alors, la prochaine fois que vous dégusterez un schnitzel, pensez à toute cette histoire, ces traditions et ces règles qui se cachent derrière ce plat apparemment simple. Et n’oubliez pas : schnitzel cachère, c’est possible et délicieux ! Bon appétit, ou comme on dit en yiddish, « Ess gezunterheyt! » (mangez en bonne santé !).