Le Gunkan : Plus qu’un Simple Sushi, une Épopée en Bouche
Vous êtes-vous déjà demandé ce que signifiait ce petit navire de sushi, trônant fièrement sur votre plateau ? Laissez-moi vous éclairer sur le gunkan, car oui, il a une histoire à raconter, et elle est plus épique que vous ne le pensez.
Gunkan, Késako ?
Gunkan, en japonais, ça sonne un peu comme un roulement de tambour avant une grande bataille, et ce n’est pas un hasard. « Gunkan » se traduit littéralement par « navire de guerre » ou « cuirassé » comme un imposant bateau prêt à conquérir les mers… et vos papilles. Imaginez un instant : un petit radeau de riz à sushi, surmonté d’un trésor et ceinturé d’une algue nori protectrice. Vous y êtes ? C’est ça, un gunkan.
Techniquement parlant, le gunkan est une forme de nigirizushi. Mais au lieu d’une simple tranche de poisson posée sur le riz, on parle ici d’une véritable petite arène culinaire. Ce qui le distingue ? Cette fameuse ceinture de nori qui permet d’accueillir des garnitures plus généreuses et parfois… explosives en saveurs.
L’Art Subtil de Déguster un Gunkan
Manger un gunkan, c’est un peu comme aborder un navire ennemi, avec grâce et détermination. Si vous voulez faire honneur à l’étiquette japonaise et éviter de passer pour un pirate mal dégrossi, plusieurs options s’offrent à vous. Les baguettes, bien sûr, sont vos fidèles sabres. Mais saviez-vous que les puristes n’hésitent pas à utiliser leurs doigts ? Oui, vous avez bien entendu, les mains sont aussi des outils nobles dans l’art du sushi.
La question cruciale : faut-il engloutir un gunkan d’une seule bouchée ? La réponse est un oui retentissant. Ce petit chef-d’œuvre est conçu pour une dégustation immédiate et totale. Pas de chipotage, pas de dissection chirurgicale. On saisit ce navire de guerre entre ses baguettes (ou ses doigts), et hop, direction la bouche. L’explosion de saveurs est prévue pour un assaut unique et victorieux.
Kyubey et l’Épopée du Gunkan
Remontons le temps jusqu’en 1935. Le chef Hisaji Imada fonde Kyubey, un restaurant qui allait marquer l’histoire du sushi. Et en 1941, coup de génie ! Kyubey invente le gunkan-maki, littéralement « rouleau navire de guerre ». L’idée ? Utiliser cette ceinture de nori pour maintenir en place des garnitures plus délicates, comme les œufs de poisson, qui auraient tendance à s’échapper d’un nigiri classique.
Imaginez la scène : avant 1941, les amateurs d’œufs de poisson devaient se contenter de les déguster autrement qu’en sushi. Puis vint Hisaji Imada, tel un Christophe Colomb du sushi, ouvrant une nouvelle voie, un nouveau monde de possibilités gustatives. Grâce à lui, les garnitures « libres » ont trouvé leur port d’attache, solidement arrimées sur leur lit de riz grâce à la magie du nori.
Le gunkan n’est donc pas juste un sushi de plus. C’est une invention, une petite révolution dans le monde feutré du poisson cru et du riz vinaigré. La prochaine fois que vous croiserez son chemin, ayez une pensée émue pour Hisaji Imada et son esprit inventif. Et surtout, dégustez-le d’une seule bouchée, comme un véritable conquérant des saveurs.