La Soupe aux Choux : Plus qu’un Film, un Art de Vivre à la Française… et d’Ailleurs
Ah, La Soupe aux Choux ! Rien que le titre évoque déjà des effluves rustiques, une France profonde et un humour à la louche. Mais détrompez-vous, sous ses airs de comédie franchouillarde, ce film de Jean Girault, sorti en 1981, est un véritable OVNI cinématographique, à plus d’un titre. Accrochez-vous, on décolle pour le hameau des Gourdiflots !
L’Odyssée Rurale et Extraterrestre des Gourdiflots
Imaginez un peu : deux papys, Le Glaude et Le Bombé, vivant dans leur petit coin de campagne bourbonnaise, plus préoccupés par le pinard et la bonne chère que par les soucis du monde moderne. Leur quotidien, rythmé par les soupes au chou gargantuesques et les parties de belote arrosées, bascule le jour où une soucoupe volante décide de se poser en plein champ du Glaude. Oui, vous avez bien lu, une soucoupe volante. C’est ça, La Soupe aux Choux, un mélange détonnant de terroir et de science-fiction, le tout arrosé d’un humour à la française qui ne fait pas dans la dentelle.
Le Glaude, Le Bombé et… La Denrée
Nos héros, parlons-en ! D’un côté, Claude Ratinier, dit « Le Glaude », veuf bourru mais attachant, un ancien sabotier qui a pour compagnie son chat et ses souvenirs de Francine, sa défunte épouse. De l’autre, Francis Chérasse, alias « Le Bombé », célibataire endurci et affublé d’une bosse, mais tout aussi amateur de bonne ripaille et de bonnes bouteilles que son compère. Et puis, il y a « La Denrée ». Un extraterrestre, ni plus ni moins, débarqué de sa planète Oxo, et que Le Glaude, dans un éclair de génie linguistique, baptise ainsi. Pourquoi « La Denrée » ? Parce qu’il bouffe la soupe aux choux, pardi ! Et qu’il en redemande, le bougre.
Le Hameau des Gourdiflots : Un Coin de France… et de Cinéma
Le hameau des Gourdiflots, c’est un peu le nombril du monde, enfin, du moins pour Le Glaude et Le Bombé. Planté en plein Bourbonnais, ce coin de campagne fictif est leur royaume. Ils vivent à l’écart, se moquent du progrès et des mondanités, et cultivent un art de vivre simple, authentique, et surtout, bien arrosé. Leur quotidien paisible, ponctué par les soupes et les beuveries, va être chamboulé par l’arrivée de notre ami extraterrestre. Mais finalement, pas tant que ça. Parce qu’aux Gourdiflots, on prend les événements comme ils viennent, même s’ils viennent de l’espace.
Louis de Funès, Jean Carmet et Jacques Villeret : Un Trio d’Acteurs au Sommet de leur Art
La Soupe aux Choux, c’est aussi et surtout un casting en or massif. Louis de Funès, en Le Glaude bougon et gesticulant, est tout simplement impérial. Saviez-vous qu’il avait déjà 67 ans lors du tournage ? Et que, malgré son énergie débordante à l’écran, il nous quittait malheureusement deux ans plus tard, terrassé par un infarctus à l’âge de 68 ans. Triste ironie du sort, quand on pense à la vitalité qu’il dégageait encore dans ce rôle.
À ses côtés, Jean Carmet, en Bombé pataud et bon vivant, est son parfait contrepoint. Son surnom, « Le Bombé », vient d’ailleurs de sa petite particularité physique, une bosse dans le dos, qu’il assumait avec humour et dérision, tant dans la vie que dans ses rôles. Ces deux-là, De Funès et Carmet, c’est un duo mythique du cinéma français, une alchimie parfaite entre deux personnalités et deux styles de jeu complémentaires.
Et puis, comment ne pas parler de Jacques Villeret, inoubliable dans le rôle de La Denrée ? Sous son maquillage extraterrestre, il réussit à rendre ce personnage à la fois étrange et attachant, naïf et curieux. Villeret, lui aussi, nous a quittés trop tôt, en 2005, à seulement 53 ans. Trois grands acteurs, trois figures emblématiques du cinéma français, réunis dans un seul film. Que demander de plus ?
N’oublions pas Christine Dejoux, qui incarne Francine, la femme du Glaude, revenue à la vie et rajeunie grâce aux pouvoirs extraterrestres de La Denrée. Un rôle certes plus discret, mais essentiel au charme et à la poésie du film. Et puis, il y a les seconds rôles, tout aussi savoureux : Thierry Liagre en médecin dépassé, Perrette Souplex en Aimée commère, Philippe Brizard en facteur rural, et Marco Perrin en maire du village. Une galerie de personnages truculents, typiques de la France profonde, qui contribuent à la saveur inimitable de La Soupe aux Choux.
Sur les Traces des Gourdiflots : Champeaux, Bombon et Jaligny
Envie de vous mettre dans les pas du Glaude et du Bombé ? Direction la Seine-et-Marne et l’Allier ! Si l’action du film se déroule à Jaligny-sur-Besbre, dans l’Allier, c’est en réalité à Champeaux et Bombon, en Seine-et-Marne, que la plupart des scènes ont été tournées. Champeaux, avec son Hôtel de France récemment rénové, et Bombon, qui a servi de décor au hameau des Gourdiflots. Mais si vous êtes vraiment fans, un détour par Jaligny-sur-Besbre s’impose. Vous pourrez y visiter le Musée de la Soucoupe Volante, entièrement dédié au film et à son univers. De quoi prolonger le plaisir et vous replonger dans l’ambiance si particulière de La Soupe aux Choux.
Plus qu’une Comédie, une Ode à la Simplicité
Au-delà de son humour décalé et de ses situations cocasses, La Soupe aux Choux porte un message plus profond. Pour certains, le film serait une critique de l’industrialisation à outrance et une apologie de l’écologie et de la simplicité volontaire. Le Glaude et Le Bombé, avec leur mode de vie simple et leur attachement à leur terroir, seraient en quelque sorte des résistants face à la modernité galopante et au bétonnage des campagnes. Un De Funès plus sensible et plus humain qu’à l’accoutumée, qui aborde des thèmes comme l’isolement des personnes âgées, la disparition du monde rural face à la modernité, et le besoin de revenir à l’essentiel.
La morale du film ? Peut-être qu’elle tient dans cette phrase culte du Glaude : « La soupe aux choux mon blaise, ça parfume jusqu’au trognon. Ça fait du bien partout où qu’elle passe dans les boyaux. » Une ode à la simplicité, au plaisir des choses simples, et à la convivialité. Et puis, il y a cette ouverture sur l’inconnu, symbolisée par la planète Oxo et son drôle d’habitant. Comme pour nous dire que l’ailleurs n’est pas forcément une menace, et qu’il peut même apporter un peu de magie et de fantaisie dans nos vies parfois trop terre-à-terre.
Anecdotes et Détails Croustillants
Pour finir, quelques anecdotes pour briller en société lors de votre prochaine projection de La Soupe aux Choux. Saviez-vous que le film est adapté d’un roman du même nom, écrit par René Fallet et publié en 1980 ? Et que Christine Dejoux, l’interprète de Francine, a eu quelques « soucis » durant le tournage, sans que l’on sache trop lesquels… Mystère, mystère. Quoi qu’il en soit, La Soupe aux Choux reste un film à part, un mélange unique d’humour, de tendresse, de poésie et de terroir. Un film qui, mine de rien, nous parle de nous, de nos racines, et de notre rapport au monde. Et ça, c’est pas de la soupe au choux, c’est du cinéma avec un grand C.