Le Gâteau Napoléon : Mille et une feuilles de mystère et de délice
Ah, le gâteau Napoléon. Rien que le nom évoque des images de grandeur, de batailles épiques et… de pâtisseries feuilletées ? Si vous êtes comme la plupart des gens, vous avez probablement croisé ce dessert élégant sans vraiment vous arrêter sur son histoire ou ses multiples identités. Car oui, notre ami Napoléon a plus d’un tour dans son sac, ou plutôt, plus d’un nom sur son emballage.
Napoléon, Mille-feuille, Tranche à la Vanille : Mais qui es-tu vraiment ?
Décortiquons un peu la bête. Un gâteau Napoléon, c’est, en substance, une pâtisserie oblongue. Imaginez des couches croustillantes de pâte feuilletée, séparées par une crème onctueuse, qu’elle soit pâtissière, anglaise, ou même une gelée fruitée pour les plus audacieux. La version classique, celle qui fait chavirer les cœurs et croustiller les dents, c’est l’assemblage divin de pâte feuilletée et de crème pâtissière.
Mais alors, pourquoi tant de noms ? En Amérique du Nord, on l’appelle fièrement « Napoleon ». Au Royaume-Uni, plus modestement, « vanilla slice » ou « custard slice ». Et en France, me direz-vous ? Ah, la France… Ici, on le connaît sous le nom de « mille-feuille ». Logique, non ? Mille feuilles de bonheur croustillant. Certains, avec un humour typiquement britannique, le surnomment même « snot block » ou « phlegm sandwich ». Charmant, n’est-ce pas ? Mais ne vous laissez pas rebuter par ces surnoms peu flatteurs, le goût, lui, reste impérial.
Et pour les aventuriers du goût, sachez qu’il existe même une version végétalienne, le Napoléon de légumes rôtis. Des légumes colorés et fondants remplaçant la crème, pour une expérience gustative tout aussi… napoléonienne, à sa manière.
L’Énigme de l’Origine : Naples, Napoléon ou les deux ?
Parlons maintenant des origines, car là aussi, c’est un joyeux mélange d’hypothèses et de théories. Le nom « Napoléon » ? Mystère et boule de gomme. Plusieurs pistes s’offrent à nous. Première option, la plus romantique : Naples. « Napoléon » pourrait être une déformation de « Napoletano », qui signifie « napolitain » en italien. Après tout, Naples, ou Neapolis en grec ancien, est une ville magnifique, berceau de tant de délices culinaires. Imaginez un chef italien, à Naples, créant ce gâteau et le nommant fièrement d’après sa ville. Séduisant, non ?
Deuxième option, plus guerrière : une référence à Napoléon Bonaparte lui-même. Certains linguistes avancent une étymologie plus… martiale. « Napoléon » viendrait de « leon » (lion) et « napos » (vallon). Le « lion du vallon », une image puissante et guerrière, qui aurait, semble-t-il, plu au principal intéressé. Alors, hommage discret ou métaphore guerrière cachée dans un gâteau ? À vous de choisir votre camp.
Troisième option, la plus pragmatique : une déformation linguistique. L’histoire raconte qu’un chef italien à Naples aurait créé le « napoletano ». Au fil du temps, et des traductions, notamment en anglais, « napoletano » se serait transformé en « Napoleon ». Un simple jeu de phonétique, et voilà notre gâteau propulsé sur le champ de bataille de l’histoire.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. La version que nous connaissons aujourd’hui du gâteau Napoléon aurait vu le jour en Russie, en 1912. Pourquoi 1912 ? Pour célébrer le centenaire de la victoire russe sur Napoléon et ses troupes. Ironique, n’est-ce pas, de commémorer une défaite avec un gâteau portant le nom du vaincu ? Au départ, ce gâteau était plus modeste, une petite pâtisserie individuelle, fourrée à la crème, et conçue pour ressembler au bicorne de Napoléon, ce fameux chapeau triangulaire. Un hommage sucré et un brin moqueur au grand homme déchu.
Si l’origine russe précise reste un peu floue, l’hommage à Napoléon, lui, est indéniable. On murmure même qu’il serait né d’un rapprochement diplomatique entre la Russie et la France au XIXe siècle. La diplomatie par la pâtisserie, une idée à creuser !
Enfin, impossible de parler du Napoléon sans mentionner Marie-Antoine Carême. Ce nom ne vous dit rien ? Pourtant, Carême, c’est un peu le Mozart de la pâtisserie française. C’est lui qui a donné au Napoléon sa forme moderne, en y apportant des améliorations qui ont traversé les siècles. Merci, Monsieur Carême !
Napoléon d’ici et d’ailleurs : Variations sur un thème feuilleté
Comme tout grand classique, le gâteau Napoléon se décline en de multiples variations régionales. Oubliez l’idée d’un Napoléon unique et immuable, c’est un voyage gustatif à travers les pays et les traditions.
Déjà, entre le Napoléon italien et le Napoléon français, il y a des nuances. Mais la vraie question, celle qui divise les puristes, c’est : quelle est la différence entre un Napoléon et un mille-feuille ? La réponse, aussi surprenante que cela puisse paraître, est… subtile. La recette de base est la même : pâte feuilletée, crème pâtissière. Mais la différence réside dans l’assemblage, dans la manière dont on empile ces couches de gourmandise.
Et puis, il y a le Napoléon français et le Napoléon russe. Là, on entre dans une autre dimension. Le Napoléon russe, inspiré du mille-feuille classique, pousse le concept à l’extrême. Plus de couches, beaucoup plus de couches ! Et comme si cela ne suffisait pas, il est généreusement recouvert de miettes de gâteau, comme le gâteau au miel russe, le Medovik. Une véritable montagne de gourmandise.
Justement, parlons du Medovik. Si on compare nos deux stars de la pâtisserie, le Napoléon et le Medovik, on découvre deux univers bien distincts. D’un côté, le Napoléon : des couches feuilletées beurrées, une crème pâtissière soyeuse, le tout saupoudré de chapelure dorée. Élégant, raffiné, croustillant. De l’autre, le Medovik : des couches au miel, une crème sure acidulée, et des baies fraîches en guise de couronne. Rustique, réconfortant, doux-amer. Deux styles, deux ambiances, mais toujours le même plaisir.
Napoléon, un nom aux multiples facettes
Décidément, ce nom de « Napoléon » est partout. Bien au-delà de la pâtisserie, il s’invite dans d’autres domaines, parfois de manière inattendue.
Saviez-vous par exemple que « Napoléon » a aussi désigné une ancienne pièce d’or française de 20 francs ? Brillant, précieux, comme… un Napoléon digne de ce nom.
Et puis, il y a l’expression « un Napoléon », pour désigner quelqu’un d’ambitieux, de déterminé, bref, quelqu’un qui a l’étoffe d’un chef de guerre. Une référence directe à Napoléon Ier, bien sûr.
Moins attendu, le poisson Napoléon. Un poisson aux couleurs vives, avec une bosse sur la tête qui rappelle… vous l’avez deviné, le bicorne de Napoléon. La nature est parfois pleine d’humour.
Pour les amateurs de spiritueux, il existe aussi le Brandy Napoléon. Un brandy, une eau-de-vie de vin, nommé en l’honneur de Napoléon Bonaparte. Pour se réchauffer après une bataille, ou simplement pour le plaisir.
Et pour finir sur une note fruitée, la cerise Napoléon. Une bigarreau, une cerise française, qui, contrairement au gâteau, doit probablement son nom à Napoléon Bonaparte lui-même, ou à son fils, ou à son neveu. La famille Napoléon, une dynastie jusque dans les fruits et les pâtisseries.
Enfin, impossible de ne pas mentionner « Napoléon le Petit », titre d’un pamphlet célèbre de Victor Hugo. Un cri d’indignation contre Napoléon III, neveu du « premier » Napoléon, que Hugo considérait comme un traître. Un Napoléon, l’autre, et les mots qui claquent comme des coups de canon.
Pâtisseries en tous genres : Un tour du monde gourmand
Le monde de la pâtisserie est un univers infini de saveurs et de créations. Si le Napoléon est une star, il est loin d’être seul sur le devant de la scène. Faisons un petit tour d’horizon des autres douceurs qui font vibrer nos papilles.
L’Italie, bien sûr, avec son Tiramisu, devenu le dessert préféré des Français. On ne peut pas parler d’Italie sans penser à ce nuage de mascarpone et de café. Un incontournable.
La Russie, encore elle, avec son gâteau Russe, une spécialité à base d’amandes, d’une légèreté exceptionnelle. Son nom ? Un hommage aux amandes de Crimée, les meilleures du XIXe siècle.
Toujours de Russie, le Kartochka, un gâteau emblématique de l’époque soviétique. Simple, réconfortant, un goût d’enfance.
L’Autriche et sa Sachertorte, le gâteau au chocolat le plus connu du monde. Un classique indémodable.
Le Portugal et ses Pastéis de nata, ces petites tartelettes à la crème brûlée qui font fondre les cœurs. Un voyage au Portugal en une bouchée.
Le fondant au chocolat, le gâteau préféré des Français. Moelleux, intense, un plaisir coupable.
Le Baba au rhum, une pâtisserie française imbibée de rhum, ou, pour une touche d’originalité, au limoncello. Exotique et enivrant.
Le Medovik, encore lui, toujours aussi populaire en Russie et dans les pays de l’ex-URSS. Un gâteau au miel qui réchauffe les âmes.
L’Éclair, la pâtisserie française la plus connue au monde. Simple, élégant, un symbole de la pâtisserie française.
Et pour finir, l’Italie encore, avec le Panettone, le dessert italien de Noël par excellence. Une brioche aérienne, parfumée aux agrumes et aux fruits confits. La magie de Noël en bouche.
Napoléon Bonaparte, l’homme derrière le gâteau (et bien plus encore)
Puisque nous parlons de Napoléon, penchons-nous un peu sur l’homme, Napoléon Bonaparte. Un personnage complexe, fascinant, qui a marqué l’histoire de son empreinte.
Saviez-vous qu’en plus du français et de l’italien, ses langues maternelles, Napoléon parlait aussi anglais ? Un esprit vif, ouvert aux langues et aux cultures.
La cause de sa mort ? Un cancer de l’estomac, selon la plupart des historiens. Il est décédé en 1821, à l’âge de 51 ans. Une vie intense, mais relativement courte.
Son apparence physique ? Châtain foncé, les cheveux longs dans sa jeunesse, puis plus courts. Les yeux gris-bleu, un sourire magnifique, des dents saines. Un homme qui avait du charme, selon ses contemporains.
Ses convictions ? Bien qu’il ait modéré le sécularisme radical de la Révolution française, il s’est opposé à l’Église comme pouvoir politique. Il a même fait emprisonner deux papes successifs, ce qui lui a valu d’être excommunié par le pape Pie VII. Un tempérament fort, qui ne se laissait pas dicter sa conduite.
Ses plats préférés ? Les rognons de veau en croûte, la timbale de macaronis. Des plats riches, consistants, à l’image de sa personnalité.
Sa défaite la plus célèbre ? Waterloo, le 18 juin 1815. Une petite commune belge, devenue synonyme de défaite cuisante. L’histoire bascule parfois dans des lieux inattendus.
Flash Pâtisserie : Anecdotes et curiosités
Pour finir, quelques anecdotes et curiosités sur le monde de la pâtisserie, pour briller en société lors de votre prochaine dégustation de Napoléon.
La Maison Méert, à Lille, est l’une des plus vieilles pâtisseries encore en activité au monde. Fondée en 1677. Presque trois siècles et demi de douceurs.
Stohrer, à Paris, est la plus ancienne pâtisserie de la capitale. Fondée en 1730 par Nicolas Stohrer, le pâtissier du roi Louis XV. Un lien direct avec l’histoire de France.
La boulangerie Winkler, aux États-Unis, est la plus ancienne boulangerie du pays en activité continue. Elle a ouvert ses portes en 1807. Plus de deux siècles de pain et de gâteaux.
Le Japon a remporté la Coupe du Monde de la Pâtisserie à plusieurs reprises. La dernière fois en 2023. Le Japon, une nation de pâtissiers d’exception.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le premier gâteau n’a pas été fabriqué en France, mais en Grèce, il y a plus de 7 000 ans. La Grèce antique, berceau de la civilisation… et du gâteau.
Le Fudge Cake est le gâteau préféré des Américains. Riche, chocolaté, typiquement américain.
Le gâteau moelleux au chocolat dans une tasse est la saveur de gâteau numéro un. Simple, rapide, efficace.
Et enfin, la vanille, cet ingrédient magique de tant de pâtisseries, est originaire du Mexique. L’Amérique centrale, terre de saveurs.
Voilà, vous savez (presque) tout sur le gâteau Napoléon et son univers. Alors, la prochaine fois que vous croiserez un mille-feuille, une tranche à la vanille ou un Napoléon, vous aurez une pensée pour son histoire, ses multiples noms, et peut-être même pour Napoléon Bonaparte lui-même. Et surtout, vous l’apprécierez encore plus, en connaisseur.